Le travail d’Esther Lapointe échappe à toute forme de catégorisation qui le rattacherait à un courant artistique en particulier. L’artiste manie la forme et les matériaux pour créer des objets souvent empreints d’humour qui entrent en dialogue avec l’histoire de l’art. Après des études à l’École des beaux-arts de Montréal, Lapointe se rend en Italie où, pendant près de 10 ans, elle peaufine son œuvre aux côtés d’une communauté internationale de sculpteurs. Elle y acquiert entre autres la maîtrise du marbre, un médium associé à l’art classique, qu’elle réussira à sortir de son apparente froideur et des conventions en l’associant aux objets du quotidien.
Réalisée en 1974, Tournevis témoigne de ce jeu entre la matière et des référents issus de la culture populaire. Le format de l'œuvre et son matériau, le bois, invitent à la manipulation tout en rappelant l’usage ancestral de l’outil. Lapointe tente ainsi de sortir l’objet de sa banalité quotidienne par une magnification qui n’est pas sans rappeler le travail des artistes du Pop art. À l’instar de la série de boutons et d’aiguilles démesurés conçus à la même époque, l'œuvre propose une perspective singulière et ludique à la fois sur le médium même de la sculpture et sur son insertion dans l’environnement.